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MON BURNOUT

TCHAO LE BOULOT

Ca y est c'est fait. J'ai quitté mon travail le 16 novembre dernier. Et quel soulagement. Je m'envole sereinement vers de nouvelles aventures.

 

J'ai décidé de partir faire le tour de moi-même durant quelques-mois. Jusque là, j'étais directrice de magasins discount bazar pour une enseigne que j'adore. Je travaillais pour mon père qui a tout fait pour que je m'épanouisse. J'ai même pu faire un emprunt pour acheter une maison, à 24 ans. Je fais partie de ces gens qui n'ont jamais eu à penser à la fin du mois. J'ai des amis géniaux, une famille aimante, un chat adorable (Omar si tu me lis!). Je semblais mener la vie rêvée de tellement de gens. Mais non. Les apparences sont parfois trompeuses. J'ai même réussi à m'auto-tromper.

 

Le 31 décembre 2017, il y a quasiment un an, j'ai fait un burnout. À 25 ans, j'ai fait un burnout. Et depuis, je cherche à comprendre pourquoi. Sans relâche. Et ce voyage il est pour ça, retrouver le goût de la vie. Rallumer les lumières qui se sont éteintes au fur et à mesure des années d'égarement

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T'ES MALADE OU T'ES PAS MALADE

Avant de comprendre ce qui m'est arrivé j'ai d'abord écumé tous les professionnels de la nutrition issus de la médecine conventionnelle. J'ai réalisé trois prises de sang, connu les joies de la fibroscopie sans anesthésie, de la rectoscopie. J'ai aussi eu le plaisir de me rendre aux urgences à deux reprises (Big Up Polo!). Tous me disait la même chose : « tout allait bien. ». Aucune trace de quelconques maladies, infection ou juste carence. Si d'un point de vue extérieur c'était une bonne chose, moi je me demandais constamment : « Mais alors pourquoi je peux pas me lever de mon lit ? Et pourquoi quand je parviens à me lever la vie me semble tellement insupportable que je ne sais pas combien de temps je vais tenir ?  À ce moment là, je niais complètement le burnout.

Car même lorsque j'étais prête à l'accepter, rien ne changeait. Je n'allais pas mieux. J'avais toujours ces crises terribles la nuit qui alliaient tremblements, sentiment de profond mal-être, diarrhées, vomissements.

Ça n'allait pas. Et je ne savais vraiment plus quoi faire.

 

UNE RENCONTRE INATTENDUE

Puis, sans trop y croire, je suis allée voir une magnétiseuse. Elle m'a dit : « Suivez votre intuition » et « Respirez ! »

Avant ce rendez-vous j'étais complètement étrangère aux traitements énergétiques. Et pourtant c'était la première fois depuis bien longtemps qu'on me donnait un conseil que j'étais prête à écouter.

 

Je n'avais plus entendu le mot intuition depuis environ 10 ans. Ma ligne de conduite c'était plutôt « fonce et te pose pas de questions ». Je ne voyais pas l'intérêt de s'en poser d'ailleurs parce que la vie était pour moi aussi bien programmée qu'un agenda de ministre. La semaine c'était boulot, le soir c'était musique, le weekend c'était concert avec BIKINI OCÉAN et DUCK HARMONY. Et le dimanche c'était glandage devant la télévision et des fois petite balade sur la plage avec les copains.


 

ALORS QU'EST-CE-QUI S'EST PASSÉ ?

J'avais un vide intersidéral dans mon existence. Je faisais les choses pour faire plaisir aux autres, sans savoir que ce n'était pas ce qui me faisait plaisir. Le malaise principal était mon travail. Mes valeurs et ma personnalité n'était pas en accord avec mon poste. Je n'arrivais pas à me l'avouer.

 

Alors j'ai voulu compenser en faisant plus d'activités musicales en dehors, pour calmer ce mal-être qui grandissait. Cette sensation de ne pas être à sa place. Cette sensation de ne pas y arriver. Ca me faisait tellement peur de me dire que j'échouais. Je n'avais pas le droit d'échouer. J'avais tout pour réussir. On m'avait tout donné.

 

J'étais d'ailleurs sûre qu'un jour je parviendrais à me renforcer et à aimer ce travail. C'est un peu comme quelqu'un qui se force à écouter de la musique classique alors qu'il aime le rap.

 

Mais plus le temps passait, moins ça marchait. Je n'étais pas moi. Et j'avais fait taire cette petite voix qui me hurlait « mais qu'est-ce-que tu fous putain, c'est pas toi ça ! »

 

L'INVOLONTAIRE AUTO-DESTRUCTION

À partir de mars 2017, j'avais décidé de ne plus m'arrêter. Je m'étais mise d'accord avec moi-même. Mon corps, que je sentais d'une nature fragile, n'avait plus son mots à dire sur mon emploi du temps. Je voulais faire tout ce dont j'avais envie. Je croyais détenir le secret du lâcher-prise : ne plus penser. Je voyais ça comme la clé du bonheur. Je me demandais même pourquoi personne n'y avait pensé avant moi.

 

Lorsque ma vie s'est arrêtée le 31 décembre 2017, je ne parvenais pas à accepter ce burnout car je n'avais plus de dialogue intérieur. Je ne savais ce qui se passait en moi.

Un naturopathe m'a expliqué en mai 2018, 5 mois après avoir touché le fond, que tous mes problèmes physiques venaient intégralement de ma microbiote. Mon corps refusait les aliments. Mon corps refusait de s'alimenter. L'unique solution de mon corps à ma quête du bonheur sans s'arrêter c'était de se laisser mourir. Il était bouffé par le stress et la pression intolérable que je me mettais chaque jour un peu plus.

 

Mais franchement... il n’aurait pas pu m'envoyer un e-mail plutôt ?

 

« Hey salut meuf, bon écoute je veux bien comprendre que t'as envie de faire pleins de choses dans ta vie, sauf qu'en fait avec moi ça ne marche pas comme ça. On est une équipe, et je crois que tu l'as oublié. Je suis bouffée par le stress, accro à l'adrénaline et ton régime pâtes, viande rouge, fromage, pain j'en peux plus. Tu sais que les légumes ça existe ? ».

 

Ouais body, ça m'aurait bien plu un message comme ça.

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TON CORPS PARLE ET TU NE LE SAIS MÊME PAS

Sauf que le corps, il ne communique pas comme ça. Je ne savais même pas qu'il communiquait d'ailleurs. Je le voyais comme une machine améliorée sauf que lui je ne pouvais pas le jeter. J'ai rien compris quand il s'est cassé, j'étais comme une gosse complètement dépassée. Je ne disais pas maintenant, ni demain, car si j'arrête je suis plus rien.

 

Je n’étais plus rien.

Lorsque je regarde des photos de moi à cette période, ça me fait mal. Je vois toute la souffrance physique. Je la ressens à posteriori. À quelques jours du jour fatidique, je m'étais bloquée le dos en me levant de mon canapé. J'étais allée voir en urgence une ostéopathe que je ne connaissais pas, et j'avais sentie de la colère chez elle. Je ne comprenais pas pourquoi. Je venais la voir, je lui donnais du boulot, pourquoi était-elle en colère ? Elle m'avait balancé une ou deux phrases pour me faire réagir mais je n'écoutais rien, ni personne. Elle m'avait dit « si vous continuez comme ça votre corps va vous le faire payer ». J'avais rigolé intérieurement. Elle ne le savait pas mais j'avais trouvé la clé du bonheur : ne plus penser.

 

Je réalise maintenant qu'elle avait sentie que mon corps basculait. Mais le programme était lancé. Je ne voulais plus m'arrêter.

LA CAMPAGNE DE LA COMPRÉHENSION RÉDEMPTRICE

Avec le recul, je me rends compte que je ne m'étais jamais intéressée au fonctionnement du corps humain ou plutôt pourquoi il fallait prendre soin de son corps. Je pensais qu'on tombait malade sur un malentendu. Je ne m'étais jamais demandée pourquoi il fallait bien manger, pourquoi il fallait bien dormir, pourquoi il fallait respirer, pourquoi il fallait se reposer. Je ne m'étais finalement jamais demandé « pourquoi je devrais prendre soin de moi ? ».


 

Pour guérir, je me suis lancée dans la campagne de la compréhension. Tout comprendre.

Une amie m'a dit un jour « Mais Mathilde, tu ne peux pas tout comprendre ! ». Au départ j'ai cru qu'elle avait raison mais la vie me démontre chaque jour qu'elle avait tort.

Vous devez être perplexe. « Comment peut-on avoir envie de se lancer dans une quête de question-réponse ? Y'a jamais de fin à ça ! »

Vous avez raison. Je crois qu'il n'y a pas de fin. Et c'est ça qui est bon !

 

Enfant, on pose aux adultes un million de questions différentes. Rappelez-vous. Est-ce-que vous trouviez ça pesant ? Oh non. Plus vous posiez des questions, plus il y en avait de nouvelles qui naissaient. Nous sommes un puit sans fin d'interrogations en tout genre. Et c'est merveilleux.

 

Bon quand j'ai demandé « pourquoi la lune ? », mon frère et ma sœur m'ont assuré que la lune était une crêpe et comme je n’y croyais pas à 100 %, on s'est mis d'accord sur son appartenance à la famille des camemberts. Je crois qu'effectivement j'étais pas très bien partie dans la vie.

 

Finalement en grandissant j'ai connu la tragédie de ne plus me poser des questions. J'avançais dans la vie, un peu comme ça, sans trop savoir. Mon père m'avait proposé un poste d'adjointe de magasin alors que je n'avais pas fini mes études et je me disais « pourquoi pas ? C'est un beau premier job, ça fera bien sur le CV ».

 

AVANCER DANS LA VIE OU COMMENT REMETTRE SA VIE SUR LES BONS RAILS

Je me souviens d'une dissertation en philosophie lors de mon année de terminale. Notre professeur, nous avait donné un sujet sur le bonheur. À de multiples reprises, dans ma dissertation, j'avais utilisé le terme « avancer dans la vie ». Mon professeur m'avait surligné cette expression qui lui sautait au yeux à chaque fois. Je ne comprenais pas pourquoi.

 

Qu'est-ce-qu'on fait d'autre à part avancer dans la vie ? On vieillit, on profite de nos amis, de notre famille, on se marie, si on en a envie, on fait des enfants, si on veut souffrir, on se trouve un job qui nous permette de bien vivre.

Oui, « avancer dans la vie » me paraissait plein de bon sens.

 

Le jour de mon burnout, j'ai arrêté d'avancer dans ma vie. Parce que ça veut rien dire. C'est mon prof qui avait raison. Je m’étais enfermée dans ma cage dorée, trop têtue pour écouter moi et les autres. Puis j'ai compris. Lorsque le naturopathe m'a donné le bon diagnostic, j'ai eu le déclic, j'ai enfin accepté que j'avais fait un burnout. J’ai alors promis à mon corps : plus jamais. Nous avons désormais un pacte tacite de respect mutuel. Je m'attache à prendre soin de moi à tous les niveaux : physique, mental, émotionnel. Je m'attache à remettre ma vie sur de bons rails. Est-ce-qu'il la validerait mon prof de philo cette métaphore ?

Je pars pour ça. Je pars pour apprendre à me connaître et pour trouver ma nouvelle philosophie de vie. Je pars pour apprendre à cultiver le bonheur.

 

ÇA VOUS DIT UN TOUR DE MOI-MÊME ENSEMBLE ?

Je ne sais pas bien où ça va me mener de faire le tour de moi-même, mais je sais que j'en ai profondément besoin. Mes amis trouvent mon projet génial, ma famille me prend pour une folle. Moi je vacille entre les deux. J'ai surtout réalisé que ça fait bien trop longtemps que j'essaye d'être normale et que ça ne me réussi pas du tout. J'ai essayé de rentrer dans le moule et qu'est-ce-que je me suis ennuyée ! Et franchement, qui veut être normal ?

Et puis, par hasard (s'il existe), il y a quelques jours, je suis retombée sur une citation du film Le Complexe du Castor qui m'a fait écho :

« La folie, c'est d'accepter d'être malheureux et de continuer à vivre comme un somnambule jour après jour, nuit après nuit. La folie c'est de faire semblant d'être heureux, comme si l'état actuel des choses devait nécessairement se perpétuer jusqu'à la fin de notre vie. »

Non, je ne suis pas folle. Je lâche-prise. 90 % du temps c'est jouissif. Et les 10 % restant c'est mon mental qui me dit : « mais qu'est-ce-que tu vas faire de ta vie ? »

 

Ça vous dit qu'on le découvre ensemble ?

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